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Le jardin du château de La Roche à Chargé par la famille d'Alphonse Daudet

L'étude des matrices cadastrales de Chargé, commune voisine d'Amboise, nous indique que la veuve d'Alphonse Daudet (1840-1897), Julia Allard (1844-1940), femme de lettres, poétesse et journaliste, fit l'acquisition du château de La Roche en 1913/1914 (l'année et le mois seront précisés grâce à l'étude des hypothèques) auprès d'Adhémar Barré, vicomte de Saint Venant, au château de Valmer.

Ci-dessous, carte IGN©, le point orange indique la commune de Chargé, en Indre-et-Loire.

Ce manoir du XVe siècle, accompagné de tours rondes en poivrière et surmonté de jolies lucarnes, appartint à Jean Bouteroue d'Aubigny, secrétaire de Marie-Anne de La Trémoille, princesse des Ursins (1642-1722), deux personnages que l'on retrouvera à Chanteloup. Entre deux succès diplomatiques, la trépidante princesse a séjourné quelque temps à La Roche, sans vouloir entendre l'invitation au repos de la discrète demeure. Quant à Madame Alphonse Daudet, elle transforma le parc, avec ses enfants, en un véritable Eden.

Ci-dessous, portrait de Madame Alphonse Daudet par Auguste Renoir, 1876 (Julia Daudet, Wikipedia).

 

Le château de La Roche, en haut d'une pente douce, projette ses tourelles et constitue le fond le plus idéalement adapté à la composition du jardin qui se déroule jusqu'aux charmilles, d'où l'ensemble apparaît comme une tapisserie colorée de tons les plus divers. Les terrasses s'étagent et vont se perdre jusqu'aux ondulations naturelles du coteau. En s'éloignant du manoir, le jardin paysager se raccorde à la campagne environnante où il semble que les fées chères à Alphonse Daudet ne sont pas "toutes mortes". Les architectures de verdure : arcades, palissades, charmilles, affirment le caractère de ce tableau qui nous donne l'impression d'un jardin romain mêlé au plus varié jardin de fleurs anglais. Les arbustes tondus par l'art du topiaire s'unissent en un concert de formes, de plans géométriques où se jouent la lumière et l'ombre. Et c'est d'une des loggias de la terrasse, repos préféré d'Anatole France, que le grand écrivain aimait à ressentir la fine éloquence qui s'exhale de ce jardin de poète.

 

Texte et photographies issues de La Loire tourangelle, Georges Collon, B. Arthaud, Grenoble - Paris, 1948 et Jardins de Touraine, Laurence Berluchon, Arrault, Tours, 1940. À suivre...